Les premières années de la station

A l'orée des années 1930, les vallées alpines étaient sur une tendance au dépeuplement avec l'exode rural. Le village des Allues, qui avait compté jusqu'à plus de 1500 habitants pendant les siècles précédents, n'en avait plus que 520.

Dans ce contexte, le ski émerge tant comme une activité récréative qu'un sport pratiqué en compétition. En 1924, lors des Jeux Olympiques de Chamonix, le ski alpin ne figure pas parmi les 6 sports représentés. On retrouve alors du saut à ski, du ski de fond ou de la patrouille militaire (l'ancêtre du biathlon) mais pas de slalom tel qu'on le connait aujourd'hui. Les deux éditions suivantes à Saint Moritz en 1928 puis à Lake Placid en 1932 sont sur la même lignée. Ce n'est qu'en 1936 aux JO Garmisch-Partenkirchen que l'on retrouve pour la première fois des épreuves de ski alpin.

La création d'une station de ski laissant entrevoir la possibilité d'un nouvel essor économique, le conseil municipal débat d'un projet Franco-Britannique d'installation d'une station de ski au delà des hameaux de Mussillon et de Morel. Ces derniers sont situés à 400m d'altitude de plus que le chef lieu des Allues.

Emile Allais, qui avait parcourut la vallée à ski dès 1936. Il est le premier champion du monde de ski français en 1937.

Il faut être classée "station de sports d'hiver" pour d'obtenir de l'administration la création d'une route d'accès. C'est chose faite en 1936 grâce à un projet porté par Paul Sirvin, architecte, et Jean de Gaillard de la Valdène, un ingénieur ancien as de l'aviation lors de la première guerre mondiale. Ce projet est validé par la mairie et obtient des soutiens politiques notamment celui du sénateur et président du conseil général de la Savoie, Antoine Borrel. Ce dernier fait appel au champion Emile Allais et au guide chamoniard André Tournier. Ensemble, ils explorent les sites de Saint Bon, des Allues et des Bellevilles : ce qui est amené à devenir le domaine des 3 Vallées.

Peter Lindsay

Résidant en Angleterre, Jean de la Valdène réunit des investisseurs britannique dont Peter Lindsay qui vint sur place et fit conquis par la topographie de la vallée. Le nom choisit pour la station est celui du hameau Méribel - l'actuel hameau Méribel Village. C'est un parfait clin d'oeil aux anglophones : "Merry Bell". Via la société nouvellement créée, La Société Foncière de la Vallée des Allues, Jean de la Valdène achète les terres d'alpages de Burgin aux familles propriétaires qui malgré la vente continuent de pouvoir faire paître leur bêtes durant la saison estivale. Au cours de l'automne 1938, le Chalet du Doron est la première construction. Bâtit sur le lieu-dit "La Croix de Morel", c'est un chalet hôtel de 4 chambres et une salle de restaurant avec un garage abritant le télé-traineau.

Le Chalet du Doron, la première construction de la station

Le télé-traineau, la première remontée mécanique de la vallée !

Le télé-traineau est capable de transporter jusqu'à 19 skieurs jusqu'à la "Cave de Burgin". Il entre en service en décembre 1938 et accueille les premiers touristes. En février 1939, le Ski Club Les Allues organise la première course officielle. L'entrée en guerre stope brutalement ce développement alors que les porteurs du projet s'évertuaient à obtenir les subventions et autorisations nécessaires à la création d'un accès routier suffisant.

Le développement de la station reprit en 1946 sous la direction de Peter Lindsay. Il s'entoura d'une équipe d'architectes avec notamment Charlotte Perriand, Paul-Jacques Grillo (grand prix de Rome), Georges Buzzi et André Detour. Peter Lindsay qui ne pouvait rémunérer Charlotte Perriand lui offrit un terrain où elle construisit un chalet traditionnel aujourd'hui classé. Paul-Jacques Grillo parti enseigner aux Etats-Unis désigna Christian Durupt, un architecte parisien célibataire et passionné de montagne. Christian Durupt resta à Méribel jusqu'à la fin de sa vie. Il fut le véritable gardien du temple de "l'architecture méribeloise" telle que définit par Paul Sirvin dans ses plans de 1936. Préserver les modes de construction ancestraux qui avaient fait leur preuve contre la rudesse du climat, mais aussi l'utilisation de matériaux locaux pour une intégration parfaite dans le paysage alpin. C'est à grâce à ces règles religieusement respectée que l'on doit aujourd'hui le cachet si particulier de Méribel !

Les Chouans, une des premiers chalet parisiens construit à Méribel

Il fallait construire les hôtels et les chalets nécessaires pour accueillir les clients mais aussi les remontées pour les emmener aux sommets des cimes. La société racheta la grange Charlet à Mussillon et y installa les architectes : chambres non chauffées au second, l'espace de travail au premier étage et un bar dans l'ancienne écurie au rez-de-chaussée ! A côté, l'Auberge tenue par Marie Blanche, première hôtelière locale de la station s'occupait de ravitailler les troupes. L'enthousiasme de la nouveauté et l'amour de la montagne suffisait à leur bonheur. "Payés peu, nourris bien, logés mal" disait George Buzzi. Les temps étaient durs et les équipements de travaux publics quasiment inexistants.

En 1947, Eugène Front ouvrait le le premier magasin de sport en aval du chalet Doron : l'actuel Sport Boutique. En face, le deuxième hôtel de la station voyait le jour : La Tougnète. Financé par trois familles commerçantes de Moutiers, l'hotel accueilli notamment l'Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme lors de l'hiver 1948-1949. Lorsque l'ENSA émigra définitivement à Chamonix, René Beckert repris la direction de l'hôtel et créa l'Office du tourisme et le Club des Sports. 

En 1947 également, arrivait Henry Mauduit, le père de Georges, futur champion de France de slalom et vice-champion du monde de géant à Portillo en 1966. Henry créé la première librairie presse au rez-de-chaussée de l'hôtel La Tougnète.

Christian Durupt

L'essor des hôtels...

Au tournant des années 1950, de nombreux hôtels voient le jour. Les hôteliers et habitants des vallées prêts à se lancer dans l'hébergement touristique ne manquaient pas. 

Le chalet hôtel Marie Blanche
Marie Blanche ouvre son propre hôtel en 1953. Détruit et reconstruit au tournant des années 2010, il a été converti en résidence d'appartements privés. Situé route de la Renarde.

Le Shangri-Là
Il fut exploité en hôtel jusqu'en 1960 par la famille Bloch

L'hôtel le Méribel
En haut de la route des chalets en 1954. 
Famille Marau

L'hôtel Altitude 1600
Au milieu des années 1950
Famille Dilman

L'hotel le Lac Bleu
Près du village de Morel, ouvert en 1965 par la famille Chardonnet. 

L'hôtel Le Grand Coeur
En 1952, la famille Chamonal repris l'ancienne annexe du Doron. L'hôtel est toujours en service de nos jours

La Saulire
Face à l'hôtel Altitude 1600
Famille Michel

L'hôtel Adray - Télébar
Construit en 1952 au pied du téléski. C'est un des rares hotels historiques qui existe encore sous cette forme aujourd'hui.
Familles Arnaud, Bonnet et Corr

Le Doron
Reconstruit et nettement agrandi en 1955 sur l'emplacement du premier chalet.
Famille Desoches

Le chalet Edelweiss
Près de Mussillon, à l'entrée de la station.
Famille Baroni

... et des remontées mécaniques !

Pour l'implantation des pistes et des remontées, mais aussi pour en assurer la direction, Peter Lindsay fit appel à André Tournier. 

1952 : le téléski "Rive Gauche" de Pra-Coi

Station supérieure de la télébenne à la Saulire

Le téléski privé Les Allues - Crêt-Voland en service de 1950 à 1961

Arrivée au sommet de la Saulire

Le développement de Mottaret

Dans les années 1960, la station de ski de Méribel a connu une forte croissance, avec la construction de la station satellite de Mottaret, située à une altitude plus élevée de 1 750 mètres. Cette nouvelle station offrait un accès facile aux pistes et une vue imprenable sur les montagnes environnantes. Mottaret est devenu un endroit populaire pour les skieurs et les snowboarders qui cherchent des pentes plus raides et plus techniques. La construction de nouveaux hôtels, restaurants et boutiques a transformé la petite station en une destination de ski de renommée internationale.

Les Jeux Olympiques d'hiver d'Albertville 1992

En 1992, la station de Méribel a accueilli plusieurs épreuves des Jeux Olympiques d'hiver d'Albertville, notamment les épreuves de ski alpin et de ski de fond. Les Jeux ont été un grand succès pour Méribel et ont contribué à la renommée de la station dans le monde entier. L'événement a également permis d'investir dans de nouvelles infrastructures, notamment la construction de la télécabine de l'Olympe, qui relie Méribel à la station voisine des Menuires.

Les championnats du monde de 2022

En février 2022, Méribel accueillera les Championnats du Monde de Ski Alpin de la FIS. Cet événement sportif prestigieux rassemblera les meilleurs skieurs du monde entier pour des épreuves de descente, de slalom géant, de slalom et de super-G. La station de Méribel a investi dans de nouvelles infrastructures pour l'événement, notamment la construction de la télécabine Legends, qui relie le centre de la station à la zone de départ de la compétition. Les Championnats du Monde sont une occasion unique pour les visiteurs de découvrir la station de Méribel et de voir les meilleurs skieurs du monde en action.

En conclusion, la station de ski de Méribel a connu une évolution remarquable depuis ses débuts modestes en 1938. Avec ses pistes variées, ses vues panoramiques et son ambiance conviviale, Méribel est devenue une destination de ski de renommée mondiale. Les investissements dans de nouvelles infrastructures et événements sportifs prestigieux tels que les Jeux

Cet article de blog a été grandement inspiré par le livre "Méribel, depuis 1938" écrit par Jean-Michel Choffel en 2018